Demander une relecture / une validation

Demander une relecture / une validation

L’idée

“Briefer” la personne en charge de la relecture ou de la validation pour s’assurer que…

  • les retours seront utiles et pertinents (exemple type : éviter de recevoir des retours sur la forme quand on a besoin d’une validation du fond)
  • la relecture / validation soit simple pour la personne à laquelle on la demande (et donc maximiser les chances que cette relecture soit faite)

Étape par étape

1️⃣ Explique à tes relecteurs ce que tu attends concrètement de cette relecture

Évite les tournures comme : 

  • “Peux-tu relire…”
  • “Peux-tu me donner ton avis sur…”
  • “Que penses-tu de cet article…”

Elles sont trop vagues. Ton relecteur ne saura pas comment prendre la tâche + tu vas te retrouver avec une masse de retours qui ne sont probablement pas ceux que tu attendais.

Exemple type : ton relecteur va réécrire ton texte (pour coller à la manière dont “lui l’aurait écrit”)… Alors qu’en fait, tu avais seulement besoin d’une relecture sur le fond.

Ou tu vas te retrouver avec des retours de type “j’aime” / “j’aime pas” (qui n’ont absolument aucun intérêt à moins que ton relecteur soit un membre de ton audience).

Donc.

Si tu as besoin d’une relecture sur le fond, demande une relecture sur le fond.

“Peux-tu relire ce texte et me dire si les informations sont bien exactes ? (S’il n’y a pas de contresens par exemple, de passages qui risquent d’entraîner des quiproquos, etc.)”

Si tu as besoin d’un check orthographe, demande-le clairement

“Si tu as le temps, peux-tu jeter un œil à l’article pour être certain que l’on n’a pas laissé passer de coquilles ou de fautes de frappe ?”

Si tu as besoin d’une validation, demande-la explicitement.

“Voici la version finale du texte XXX. Pouvez-vous la relire et la valider avant le XXX afin que nous la mettions en ligne.”

💡 Alternative, si tu n’a pas vraiment besoin d’une validation, mais que tu es tenu de laisser la porte ouverte à un dernier retour.

“Voici la version finale du texte XXX, validée par l’équipe. Si toutefois vous avez un véto (objection, problème de fond avec un passage, etc.), merci de nous le communiquer avant le XX.”

💡 Pour maximiser les chances que la validation se fasse à temps et dans des conditions sereines, préviens à l’avance les personnes concernées que tu auras besoin d’une validation la semaine du XX.

Quand on reçoit une demande de validation qui sort de nulle part, ça rajoute une couche 

  • de stress (“Rhaa, encore une urgence”)
  • de doute (“Minute, est-ce que cette personne cherche à me forcer la main ? A faire passer des trucs dans l’urgence ?”)
  • de frustration (“Mais tu le sais depuis des semaines que tu vas avoir besoin d’une validation. Tu pouvais pas me le dire avant ? Je suis en réunion toute la journée !”)

Si tu as besoin d’un retour pour t’assurer que le texte sera clair pour le client (ou aura un impact sur lui), explique le contexte

“On a besoin de ton avis sur cet article pour le centre d’aide.

Le sujet : les nouvelles règles d’utilisation des titres restaurant

L’objectif de l’article : qu’on réduise au maximum les questions les plus fréquentes

Peux-tu relire l’article et nous dire si :

  • Les nouveaux montants et conditions pour utiliser les titres restaurant te paraissent clairs ?
  • Tu vois des questions que les clients risquent encore d’avoir après avoir lu l’article ?”

2️⃣ Explique à tes relecteurs où et comment ils vont pouvoir faire leurs retours 

C’est tentant de ne pas en parler et de botter en touche avec un “Fais comme ça t’arrange”. 

Mais c’est une mauvaise idée : tu as peut-être l’impression que laisser le choix à ton relecteur est une bonne chose, mais en réalité, c’est une contrainte. 

Une décision de plus qu’il va devoir prendre (alors que tu connais bien mieux que lui les différents moyens de te faire des retours, ainsi que leurs avantages et leurs inconvénients par rapport au texte en question).

Donc…

À la place, propose une solution dès le début…

“Tu vas recevoir un accès à une version sur Google Document du texte. Je t’invite à poser directement tes retours sous forme de commentaires (idéalement 1 commentaire par retour).”

… et laisse la porte ouverte à d’autres au cas où.

“Voici également une version .pdf si jamais tu préfères m’envoyer directement tes retours par mail ou par Slack.”

3️⃣ Assure-toi que ton relecteur comprenne bien la règle du “On remonte les problèmes, pas les solutions”

Lorsque l’on fait des retours sur un texte, un design (ou n’importe quelle création vraiment), on est souvent tenté de faire des retours sous forme de solution

(C’est-à-dire, en expliquant ce qu’on voudrait changer dans la version qu’on a sous les yeux.

  • “Il faut plutôt mettre cette phrase-là à la place.”
  • “Ça, à remplacer par…”
  • “Là, j’écrirais plutôt…”)

… au lieu d’expliquer le problème.

(C’est-à-dire, d’expliquer ce qui nous a fait réagir : ce qui nous fait dire qu’il faudrait modifier ce passage.

  • “Ce passage est très long. Je ne sais pas si les clients vont le lire jusqu’au bout.”
  • “Je n’ai pas compris du tout cette partie.”
  • “Là, le client risque de comprendre Y, alors qu’en fait X.”)

Remonter les solutions au lieu des problèmes est dangereux.

👉 On bascule très vite et sans s’en rendre compte dans le subjectif. Dans le “J’aime / J’aime pas” et dans le “Moi, je n’aurais pas écrit ça comme ça”.

Les retours subjectifs ne sont pas utilisables. Le but, c’est que le texte parle à l’audience, pas au relecteur. 

👉 Le relecteur est souvent la personne la moins bien placée pour proposer des solutions : 

  • il n’a pas l’expertise en rédaction
  • il n’a pas forcément tout le contexte

Il risque fort de proposer une piste (“Il faut trouver quelque chose comme XX, mais mieux écrit”) inutilisable.

👉 Il vaut mieux que le relecteur identifie le problème, puis que toi (ayant l’expertise) chercher des solutions à ce problème. 

Le relecteur n’a pas l’expertise : il va pousser une solution (un autre mot, une autre tournure) alors qu’il y en a probablement une plus efficace.

👉 “Faire rentrer” la suggestion du relecteur dans ton texte n’est pas toujours facile.

Sauf exception, intégrer le style de quelqu’un d’autre dans un texte déjà existant est souvent coton.

💡 Rien n’empêche ton relecteur de proposer des solutions.

Mais à condition qu’il définisse le problème avant.

4️⃣ Demande à tes relecteurs qu’ils te confirment une fois qu’ils ont terminé

Cela paraît évident, mais le préciser va t’éviter des frustrations. Des deux côtés.

C’est assez courant que ton relecteur fasse plusieurs passes.

Tu vas recevoir un lot de commentaires, hésiter, te demander s’il a terminé et si tu peux prendre le relais.

Finalement, tu vas commencer à traiter ses commentaires. Y répondre ou y poser des questions. Lui va s’agacer parce qu’il n’avait pas terminé.

Le process sera beaucoup plus efficace si tu le laisses terminer avant de traiter ses retours.

5️⃣ Si besoin, prévois un temps de visu pour expliquer à l’oral et “désacraliser” la relecture

Cela permet d’éviter que ta relecture reste coincée dans la to-do list de ton relecteur pendant X temps.

Un rapide coup de fil ou une visio de 5 minutes pour expliquer ce que tu attends va réduire la charge perçue et augmenter les chances que ton relecteur s’en charge.

6️⃣ Donne une deadline

Sois clair sur le timing : pour quand as-tu besoin de cette relecture ?

Quand tu demandes un service à quelqu’un, c’est irrespectueux d’être flou sur les paramètres de ce service.

  • “Quand tu peux..”
  • “Quand tu as le temps…”
  • “Dis, tu as pu avancer sur la relecture que je t’avais demandé ?”

Tu lui demandes un service et tu lui demandes aussi de deviner ce que tu attends. L’importance du projet. La priorité.

“Ne pas vouloir lui imposer une deadline”, c’est une excuse (et une mauvaise).

Donne une date claire à ton relecteur puis demande-lui poliment si c’est jouable de son côté. Tu exprimes ton besoin, sans rien lui imposer, et tu lui demandes ce qu’il peut faire.

7️⃣  Ne sous-estime pas le temps qu’il va falloir pour traiter ces retours

Les relectures prennent du temps à faire (côté relecteur) et du temps à traiter (de ton côté).

Les fautes sont vite expédiées, mais le reste peut vite devenir chronophage : les tournures à problèmes et les informations à vérifier.

Quand l’article est “low profile”, c’est rarement le cas, mais dès qu’on touche à un sujet touchy, attends-toi à ce que la relecture et les allers-retours derrière prennent un moment.

8️⃣ Souviens-toi que recevoir des corrections est rarement agréable

Je fais ce métier depuis 2008, et je ressens encore parfois de l’agacement en lisant des retours sur mes textes.

Ma personnalité joue probablement un rôle là-dedans, mais au-delà de ça, je pense que personne n’aime spontanément qu’on vienne pointer “ce qui ne va pas avec ce que tu viens de faire”.

Tu vas peut-être t’agacer parce que tu as laissé passer une faute. Ou parce qu’un retour te paraît incongru. Ou parce que ton relecteur a été très brut de décoffrage dans la manière dont il a écrit son commentaire (“Mal dit”). Ou n’a parce qu’il n’a pas suivi tes consignes pour la relecture.

Ou par le très classique “Oui, mais tu n’expliques pas…” alors que la réponse est 2 lignes plus bas.

Il faut en être conscient. Il faut se préparer avant de lire des retours. Il faut prendre du recul. Il faut les considérer au calme. Et éviter d’y répondre à chaud.

Garde en tête que le relecteur te fait un service : il essaye de t’aider dans ton travail. Il prend du temps sur le sien. Réceptionne avec bienveillance les commentaires.

Si tu es vache avec un relecteur, pourquoi ferait-il l’effort de t’aider la prochaine fois ?

💡 Ceci dit, il y a aussi (rarement, mais ça arrive) des relecteurs toxiques. Grisés par la posture (= je juge le travail d’un autre) et l’autorité qu’elle sous-entend. Qui vont te faire des retours inacceptables dans la forme. 

Quand ça t’arrive, autant éliminer le relecteur pour les prochains contenus. Ou, quand ce n’est pas possible (exemple : quand il s’agit d’une personne qui doit valider), remettre les points sur les i avec cette personne.

9️⃣ Prends le temps de répondre aux retours

Pour remercier le relecteur déjà.

Ensuite, tout dépend du contexte.

À mon avis, il est rarement nécessaire de répondre individuellement à chaque commentaire. Un message global une fois tous les commentaires traités est largement suffisant.

En revanche, s’il s’agit :

  • d’un retour que tu as choisi de ne pas prendre
  • envoyé par un décideur (avec droit de véto)

Il vaut mieux expliquer exactement pourquoi tu prends une autre direction.

Explique, rationnellement et objectivement, en un minimum de caractères, mais avec tous les arguments nécessaires “pourquoi on va plutôt partir dans telle direction”.

Et prends le temps de réfléchir un minimum à la forme de ton message : de la même manière que personne n’aime recevoir des retours sur son texte, personne n’aime entendre que son retour est stupide ou inutile.